L'Homme a créé l'économie politique, qui (grossièrement) représente la somme de nos besoins matériels (production, distribution, échange, consommation de produits et services, sans vraiment y inclure nos désirs de « pouvoir acheter », puisque le pouvoir d'achat est la résultante, sans les aspirations). On est dit-on, un pays en bonne santé, si on a un taux de croissance élevé. Quelques économistes, selon les théories de Keynes, ont à l'heure actuelle le raisonnement suivant : les salaires doivent augmenter parce que les produits augmentent, puis comme les salaires ont augmentés, il faudra augmenter les prix, et ainsi de suite. C'est le chien qui essaie d'attraper sa queue en tournant sur lui-même. Ce raisonnement fera augmenter artificiellement le taux de croissance. Il parait que c'est très bien ainsi, surtout avant des élections. Cela s'appelle l'inflation, et le salarié s'aperçoit qu'il a été grugé puisque son « pouvoir d'acheter », n'a augmenté que pendant une très courte période. Mais l'Euro ne nous permet pas à titre national cette inflation.
Les époques passent et avec elles le paysage économique évolue. Lorsque l'usager a acquis un mode d'emploi, il lui est déstabilisant d'évoluer vers une autre conception de ses habitudes (besoin de sécurité par le rituel). A-t-on pensé qu'à l'instar des pays sous-développés accédant au monde de la consommation, nous avons eu cette période « bénie » d'après guerre. A l'époque, nous étions dans la situation des pays émergents. Il fallait reconstruire. Les magasins étaient vides. Le PIB et le taux de croissance ont grimpé en flèche, parce qu'il y avait une demande énorme de consommation, donc une offre de travail, de production. Le jour où les pays africains, pourront accéder aux richesses de la consommation, il en sera de même. La Chine en est l'exemple. Lorsqu'un pays se stabilise et accède à la consommation du jetable, faut-il continuer à avoir le même raisonnement ? Si nous avons la sensation d'un déclin économique, cela est normal, Tout comme il ne dépensera que ce qui se trouve dans son porte monnaie, l'Homme ne dépense pas plus que ce dont il a besoin. Un Homme riche, un pays riche, une fois ses besoins satisfaits, ne mangera pas plus que son estomac ne peut contenir, à moins de créer artificiellement d'autres besoins par des découvertes techniques. Comme ces besoins principaux sont satisfaits, il épargne, empêchant l'argent de circuler. On pouvait penser que les exportations nous sauveraient, mais les pays « sous-développés » se modernisent et fabriquent. Par conséquence, ils n'ont plus besoin de notre exportation de produits courants. Ce sont eux qui exportent grâce une main d'œuvre moins chère.
Pour relancer notre taux de croissance, le gouvernement a voulu lancer un slogan. Le fait de dire « travailler plus pour gagner plus » était là pour nous encourager à produire plus, le taux de productivité augmentant le taux de croissance, ce qui sous-entend que la France ne produit pas assez. Mais si nous ne consommons pas cette production par manque de revenus, si nous ne pouvons pas l'exporter, car trop chère, ou mal adaptée, elle devient un stock que les fabricants ne peuvent écouler.
Notre manque de « pouvoir acheter » peut aussi s'expliquer par d'autres phénomènes. Si une partie importante de la monnaie ne se retrouve pas dans les circuits de la consommation quotidienne, nous n'avons pas assez de quantité suffisante pour vivre décemment par répartition de cet argent. Qu'il soit bloqué par l'épargne, la bourse, l'immobilier non habité et/ou résidence secondaire. Prenons l'exemple d'un artiste peintre qui n'arrive pas à vendre le tableau qu'il vient d'achever. Il ne peut payer son boucher, qui lui ne peut payer le grossiste, qui lui ne peut payer son épicier. Renversons l'histoire. L'épicier qui avait un pécule achète le tableau, ce qui permet au peintre de payer le boucher, qui paye le grossiste, qui paye son épicier et l'argent revient à l'épicier, qui refera circuler l'argent. Lorsqu'une partie de cet argent est bloquée, non parce qu'il y a des riches et des moins riches, mais parce que l'argent ne circule plus, la crise et la pauvreté s'installent.
Dans cette histoire, tout le monde aura mangé à sa faim, seul le patrimoine de l'épicier aura augmenté parce qu'il a acheté un bien qu'il ne remettra pas en circulation. Un bien créé pour rapporter de l'argent, et pas forcément pour prendre de la valeur avec le temps. Bien qui n'est pas « consommable ». Parce que l'objectif initial a été modifié, le bien devient un placement pour rapporter à terme. Sauf, qu'en partant du principe « et si tout le monde fait la même chose en même temps », si tout le monde achète des tableaux, en vue de faire un placement, il n'y aura plus assez d'argent en circulation.. Toute la richesse appartiendra au peintre qui n'a besoin de payer que son boucher, ainsi l'argent ne circule plus. Certes, le taux de croissance aura augmenter, puisqu'il y aura plus de production et de PIB. Lorsque les grandes entreprises du CAC40 font des bénéfices et les répartissent entre les actionnaires au lieu de les réinvestir dans l'outil de travail, c'est ce qui se passe. L'argent est bloqué puisque les financiers laissent l'argent dans le circuit boursier pour une plus value.
Continuons à envisager jusqu'au bout le scénario catastrophe qui a failli se produire et qui peut se reproduire à tout moment. Prenons celui des bulles financières. Les actionnaires qui viennent de toucher les bénéfices les réinvestissent dans la bourse en qui ils ont confiance. Pour commencer, ils ont investis de la monnaie, qui va prendre de la valeur par l'intermédiaire de la plus value des actions qu'ils ont acheté. Comme la bourse grimpe, ils vont réinvestir cet argent, sans le sortir de la bourse, puisqu'il grimpe, qu'ils peuvent lui faire confiance et qu'ils s'enrichissent. Mais un jour, ils en ont besoin, et ils vont retirer cet argent avec sa plus value. Pas de problème, d'autres personnes investissant, on peut les payer.
Continuons le raisonnement sur le principe « Et si tout le monde fait la même chose en même temps ? ». Si tout le monde voulait retirer son argent en même temps, (ce qui s'est déjà passé et qui a occasionné le jeudi noir de 1929), la bourse a tellement augmenté qu'il n'y aurait pas assez de la masse monétaire pour payer tout le monde, sachant qu'une partie de la place bancaire est à base d'argent « virtuel ». Ce qui veut dire que la bourse a trop de valeur virtuelle par rapport à la réalité monétaire.
Mathématiquement, selon Keynes, l'investissement devait engendrer un surplus de revenu national supérieur. L'État pouvait ainsi se permettre, de creuser un déficit : l'investissement public engendrant beaucoup de revenu, le "trou" dans les finances de l'État se résorbait de lui-même. Le temps a démontré que les théories de Keynes sont inapplicables, parce que les financiers au lieu de réinvestir dans l'outil de production et créer ainsi du travail et des revenus, préfèrent retirer l'argent créé par les bénéfices, licencier et réinvestir dans la bourse mondiale qui a un plus fort taux de rendement. C'est avec le temps que l'on peut s'apercevoir que les économistes ont oublié dans leurs théories les besoins de l'Homme, notamment celui de l'appât du gain, ainsi que l'égoïsme individuel. La aussi, ils se sont servis du progrès par la rapidité des échanges des flux financiers en masse importante, leur donnant la possibilité de pouvoir jouer sur plusieurs places dans la même heure, et de ne payer qu'à terme les transactions effectuées.
Une question reste à se poser. Ces financiers sont-ils vraiment des investisseurs servant l'entreprise ? Les investisseurs dont nous parlent les médias ne serait-ils pas plutôt des gérants de fond de placement collectant des fonds auprès de personnes physiques ou morales, et qui replacent cette épargne de manière à obtenir un rendement le plus élevé possible sur des marchés financiers spécialisés. Alors pourquoi cette dérive ?
Si on pouvait supprimer la surenchère de produits virtuels basée sur les intérêts d'un produit papier qui a la valeur qu'on veut bien lui donner, et qui selon Aristote est une activité contre nature qui déshumanise ceux qui s'y livrent, tels que la Bourse, le crédit, les emprunts rémunérés, une grande partie de nos problèmes seraient résolus, mais ça... c'est vraiment de l'utopie irréalisable..... Jusqu'à ce que les états veulent bien réorganiser les flux financiers. Autant pour protéger les spéculateurs que les travailleurs, sinon la disparité deviendra de plus en plus grande entre ceux qui peuvent faire fructifier leur argent et ceux qui vivent de leur seul travail, surtout de ceux qu'on appelle les « bas salaires ». Parce que la monnaie fabriquée par les états à une valeur. Cette monnaie, sonnante et trébuchante, était au siècle dernier, une quantité frappée en rapport des valeurs de l'étalon/or. Ce système a prouvé qu'il avait des limites, tout comme le système financier actuel. Si l'équilibre n'est plus garanti, à qui le capital profitera-t-il, puisqu'il n'y aura plus la consommation pour assurer les revenus du capital.
Et là on met le doigt sur la différence entre les causes visibles et le questionnement que l'on se refuse de prendre en compte. Parce que nous refusons d'avoir une vision globale et mondiale de la situation à la fois passée, présente et future dans laquelle on refuse de se projeter, mais aussi des besoins de l'Homme. La situation économique mondiale n'est plus la même qu'en 1947 ou 1968, nos demandes et nos besoins sont différents. Les solutions doivent donc être différentes.
L'économie selon Mme Michu (suite)